Saisons

L’été offre la chaleur, par contraste, c’est la sensation de fraîcheur que je préfère, après un effort cycliste, rentrer dans une vieille demeure, dans une cave, une église est un plaisir relaxant. Ou bien alors, après une sieste au soleil, rentrer dans la maison et apprécier cet air frais et ombragé. Bien sûr rien n’égale la sensation d’une légère brise à l’ombre d’un bosquet ou d’un bois, pour boire une boisson bienvenue. Et puis il y a le thé glacé, les glaces le soir sur les terrasses où nous nous affalons terrassés par la journée. Mais j’aime aussi ce climat de relachement général, la foule tranquille, la musique dans les rues, les promeneurs, bras dessus, bras dessous, qui passent sous mon balcon. Et enfin, ce plaisir, presque pervers, de se mettre à la fenêtre pendant un bel orage, de se sentir petit et puissant, mais surtout protégé. Savoir qu’après cet orage, une douce fraîcheur rendra la nuit agréable et que celle-ci se terminera au son du pépillement des oiseaux entrant par la fenêtre ouverte sur une nouvelle journée d’été. Où bien serait-ce l’automne qui arrive déjà?

Cet automne où j’aime naviguer, affronter les tempêtes sur un bateau à voile entre la France et l’Angleterre, pour profiter de la douce chaleur, un peu étouffante, d’un pub aux îles Silly après une traversée éprouvante, glaçante. Ou bien alors, quand la tempête ne peut être domptée, la contempler, assis sur un roger ou au bout d’une jetée, en attendant une accalmie permettant de repartir, tout en pensant au chocolat chaud que je me ferai servir au bar le plus proche. Mais l’automne sait aussi parfois être calme, comme une symphonie colorée qui croise mon chemin à chaque bosquet. Bosquet où la recherche de champignons, de chataîgnes, par une belle journée automnale offre une promenade agréable que la perspective du premier feu de cheminée de l’année réchauffe prématurément les pieds mouillés.

Le feu de bois est pour moi le symbole de l’hiver. Bien sûr, il y a la neige, douce et blanche, silencieuse de par sa présence, bruyante de par ses conséquences. Et le froid, difficile de parler de l’hiver sans parler du froid, mais il est difficile de parler du froid sans parler du chaud. Cette chaleur que donne le feu de bois nous ramène à notre être animal, aux veillées d’antan, à toute notre histoire depuis que l’homme a domestiqué le feu. Ce trait d’union entre générations pousse à la réflexion. Et puis il y a les belles journées d’hiver, où la douceur des rayons du soleil fait penser à un trait de miel dans une tasse de citron chaud. Cette douceur qui souvent annonce les hirondelles.

Ce que j’aime dans le printemps, c’est bien sûr le soleil qui renait et la nature qui brille de milles feux. Ce sont aussi les premières sorties à vélos, la redécouverte des itinéraires de l’été. Ce sont aussi les premières soirées dehors, où la fraîcheur fini toujours par nous rappeller que l’été n’est pas encore tout à fait là. Et puis les premières sorties en bord de mer, où la foule estivale n’est pas encore arrivée, ou la vie s’écoule tranquilement à la vitesse du reflux.


Prose poétique - 45'


L'inventaire heureux de vos saisons : A la manière de Shei Sodagon, dame d'honneur du XIème et de son "journal".

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